Kassandra Walters

Les matériaux avec lesquels je travaille sont aussi importants que le travail en résultant. Chaque aspect de mon travail constitue un moment pour découvrir une couche de signification sous-jacente. Je transforme des matériaux non-conventionnels jusqu'à ce qu'ils soient méconnaissables, repoussant les limites de l'observation en laissant un fil d'Ariane guidant vers la résolution de l'œuvre. En donnant une place à mon héritage, passé, présent et futur, mon corps devient partie intégrante de mon travail. Mon labeur fait écho à celui de mes ancêtres, produisant du sang, de la morve et des larmes. J'ai commencé à travailler avec des papiers-mouchoirs afin de séparer l'idée de la production de la valeur accordée au soi, en m'attardant à ce qu'il est possible de produire lorsque l'on n'est pas engagé·e dans le capitalisme. Mon corps produit même quand je suis physiquement incapable de le faire, je travaille donc avec cette idée de productivité même à travers des tâches qui semblent ne rien valoir. Je prends un objet qui serait normalement considéré comme une ordure et lui donne un nouvel usage en l'encastrant dans de la porcelaine - transformant le papier-mouchoir chargé de maladie ou de tristesse en un objet léger, fragile et délicat. Apprendre à voir dans ces productions apparemment insignifiantes des choses qui ont une certaine valeur offre un moment pour écouter nos corps, prendre notre temps, être intentionnel·le·s dans notre façon de nous déplacer dans le monde, et nous donner la permission de guérir des blessures du quotidien.

 

Kassandra Walters est une artiste multidisciplinaire née à Tkaronto/Toronto et vivant présentement à Tiohtià:ke/Montréal. Elle déploie son amour des matériaux non-traditionnels dans des œuvres éphémères, riches et stratifiées. Son travail actuel réfère à son identité canadienne de seconde génération vivant avec des troubles de santé mentale. Ses plus récentes œuvres, par l'utilisation de différents procédés associés au raffinement du sucre, établissent une connexion et un espace pour les millions de personnes affectées par la colonisation des Caraïbes. Inspirée par la vie de tous les jours, son travail puise toujours dans de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques.

 

 

The materials I work with are as important as the finished works. Every aspect of my art is a moment to discover an embedded layer of meaning. I transform these unconventional mediums until they are barely recognizable; stretching the limits of observation and leaving a breadcrumb trail to the work's resolution. As I hold space for my lineage, past, present and future, my body becomes an integral part of the work. My labour mirrors their labour, yielding my blood, snot and tears. I began working with tissues to separate the idea of production from the valuation of one's self by looking at what it is possible to produce when not engaged with capitalism. My body is producing even when I physically am unable to make anything, working with this idea of productivity through seemingly worthless tasks. Taking an object that would normally be considered trash and repurposing it, by casing it in porcelain, turning the tissues, weighted with sickness or sadness, into light, fragile, delicate objects. Learning to see these apparently trivial productions as things of value grants us time to listen to our bodies, allow ourselves to take things slow, to be intentional with the way we move through the world, and give ourselves permission to heal from the everyday.

 

Kassandra Walters is a multidisciplinary artist born in Tkaronto/Toronto and currently based in Tiohtià:ke/Montreal. She combines her love of materials, mostly non traditional, into rich, layered, ephemeral works. Her current work references her identity as a second-generation Canadian and experiences of living with mental illness. In her newest body of work, through the use of various treatments for sugar, she is able to connect to and hold space for the millions of people affected by the colonization of the Caribbean. Heavily inspired by the everyday, she is constantly experimenting with new materials and techniques to fulfill her ideas conceptually.